Aujourd'hui, je vous invite à prendre connaissance ou à redécouvrir les extraits de 6 à 9.
Bonne lecture :)
Extraits 6 et 7 : De quoi est mort Otto ?
Contexte :
En dépit des efforts acharnés de Wilhelm, Otto est mort. Karl fait respecter une minute de silence puis disperse ses troupes pendant quinze minutes. Pendant ce temps, tandis que les hommes reprennent leurs esprits, Wilhelm procède à un début d'autopsie. Le quart d'heure passé, les soldats se réunissent dans la clairière et Karl prend la parole.
Extraits :
— Soldats,
nous avons presque tous vu mourir le sergent-chef Otto Kelswehr, dans des
conditions toujours floues. Avec les moyens dont il dispose, notre infirmier
Wilhelm a tenté de comprendre ce qui l'a tué. Il a manifestement fait une
violente crise cardiaque. Nous le regretterons tous, il était un grand soldat
et un excellent camarade, toujours volontaire pour aider ses frères d'arme.
Mais en attendant qu'on en sache plus, je veux que vous exprimiez ce que vous
avez ressenti. Et si vous savez quoi que ce soit qui puisse nous aider à
comprendre, j'attends que vous me le disiez au plus vite.
Une chape
de silence s'abat. Seuls les crépitements du feu se font entendre pendant de
trop longues secondes.
— C'était
vraiment une crise cardiaque ? demande
le grand Harald.
— C'est la
conclusion qui semble s'imposer, pour le moment. Tu confirmes, Wilhelm ?
— Son cœur
s'est emballé subitement. Il a eu des spasmes d'une rare violence puis plus
rien. C'est vrai que c'était très spectaculaire et même… franchement horrible à
voir. Mais oui, je crois que c'était une crise cardiaque.
— Ma mère
est morte de ça, rebondit Günter. Vrai qu'elle a eu des spasmes. Même qu'elle
bavait. Mais elle ne hurlait pas "non" ou "pitié".
Une rumeur
se lève parmi les hommes. Aussitôt, Karl lève la main et demande le silence.
— Alors,
selon toi Günter, qu'est-ce qui est arrivé à Otto ?
— J'en sais
rien, Major.
Le regard
borgne du caporal fuit celui de son sous-officier.
— Je pense
que tu as une idée. J'ai envie de l'entendre, caporal.
Günter
serre et desserre les mains. Personne ne lui prend la parole, les regards se
rivent sur lui.
— J'ai
entendu parler de malédiction, de fantômes. Ça vaut ce que ça vaut, mais avec
tout le respect que je dois au caporal Wilhelm Braun, je crois pas que c’était
juste une crise cardiaque.
Un court
silence s'impose avant que d'autres soldats approuvent les propos de Günter.
Igor déglutit. Si quelqu'un a parlé de malédiction, Karl va forcément penser
que c'est lui, mais il n'a rien dit.
— D'accord.
Qui t'a parlé de ça, Günter ?
— Tout le
monde et personne. Enfin, même toi, Major, tu as dû entendre parler de ça, pas
vrai ?
— Oui,
Günter, on m'en a parlé aussi. Et comme pour toute information que je reçois,
j'essaye de vérifier si elle est fiable. Alors, est-ce que tu peux me citer le
nom de quelqu'un qui t'aurait parlé de cette malédiction, qui t'aurait peut-être
donné des détails ?
— Ça a
commencé quand on a sorti ces rebelles de la forêt. Avant qu'ils soient emmenés
dans les stalags, on les a un peu cuisinés. Y'en a plusieurs qui ont dit que,
de toute façon, on ne pourrait pas garder cette forêt, parce que les spectres la
défendraient. Et puis, j'en ai parlé avec Piotr et il m'a confirmé que c'était
vrai, qu'il y a bien des fantômes ici.
À nouveau
une rumeur s'élève dans les rangs. Igor garde le silence et regarde les
soldats. Le masque de l'inquiétude s'empare à nouveau d'eux. Piotr n'est pas
parmi eux, il fait partie des sentinelles qui gardent le campement. Karl laisse
les hommes deviser entre eux, il tend l’oreille et essaye de capter des bribes
de conversation.
— Vous
savez, les gars, entame l’adjudant Fleiser, si un ruskov était mort à chaque
fois qu’on m’a parlé d’une histoire de fantômes, la guerre serait finie.
Quelques
rires se font entendre. Karl se tourne vers lui et Igor ne le quitte plus des
yeux.
— Plus
sérieusement, j'ai entendu la même chose que vous à propos de cette forêt. On y
a stationné pendant des mois avec la neuvième blindée. On n'était pas si
nombreux que ça, des proies faciles, en somme. Il est arrivé plus d'une fois
que j'aille seul dans la forêt pour m'isoler un peu. Il ne s'est jamais rien
passé. J'avais entendu le même genre de rumeur en Belgique et en France. Rien
non plus.
— Vous avez
peut-être eu de la chance, adjudant, répond Harald.
— Oui,
peut-être. Ou bien peut-être que ces histoires de fantômes ne sont que du folklore.
Par chez vous, ça doit bien exister aussi, ce genre d'histoire, non ?
Plusieurs
soldats opinent du chef. Karl croise les bras sur la poitrine. Igor ne voit que
le dos du Major mais peut deviner le soulagement se dessiner sur son visage.
Fleiser est un allié efficace.
— Est-ce
qu'un d'entre vous a déjà vu l'un de ces fantômes dont on lui a parlé ?
Le silence
reprend ses droits. Les hommes regardent à gauche, à droite ou à leurs pieds.
Plusieurs secondes s'écoulent sans que nul ne réponde.
— Un fantôme,
ça ne se voit pas, hasarde Alexej.
— Je ne
suis pas d'accord, répond Karl. Les fantômes sont censés apparaître devant les
gens pour les effrayer, les faire fuir. Un fantôme que personne ne verrait, ce
serait comme un fusil en papier, ça ne servirait à rien.
À nouveau,
quelques sourires naissent sur les visages. Igor admire l'habileté de Karl à
faire parler ses hommes pour mieux les convaincre de son point de vue. Hélas,
celui-ci est totalement faux.
— Oui,
reprend Alexej gêné, je voulais dire en temps normal on ne le voit pas. Il
devient visible quand il a envie.
— Là, oui,
je suis d'accord avec toi. Vous avez vu apparaître des fantômes, tout à l'heure
?
Silence.
Quelques hommes dont Fleiser font "non" de la tête.
— Ça
n'empêche que le sergent-chef Otto est vraiment mort d'une drôle de façon,
pointe Tobias.
Une rumeur
approbative monte dans les rangs.
—
Là-dessus, je crois qu'on est tous d'accord, approuve Fleiser. Vraiment
bizarre. C'est comme quand on coupe la tête d'un poulet et qu'il continue à
courir, parfois sur des centaines de mètres avant de tomber. C'est le même
genre de bizarrerie. Est-ce que ce sont des poulets maudits ? J'espère que non,
parce que j'en ai mangé.
Fleiser
parvient à nouveau à amuser les soldats.
— Mon père
était médecin, reprend l'adjudant. Quand j'étais plus jeune, il me racontait
des tas de bizarreries qu'il voyait sur ses patients. Et après, il m'expliquait
ce qui avait provoqué ces choses étranges. L'humain est très compliqué à
comprendre. Je ne suis pas médecin, mais je vais vous dire ce que j'en pense,
sur la base de ce que m'expliquait mon père. Le sergent-chef était allongé son
le dos, les bras et les jambes en croix, à peu près de la même manière qu'on le
tenait au moment où Wilhlem lui a retiré sa balle. Et il a souffert de cette
expérience, on l'a tous entendu. Le caporal-chef lui a quand même retiré ce
bout de métal sans pouvoir l'endormir. Je vous laisse imaginer ce que ça peut
faire.
Les visages
de plusieurs soldats grimacent. Igor ne quitte plus des yeux l'adjudant dont le
visage reste calme mais très expressif.
— Ça l'a
marqué, forcément. Là-dessus, il était enfin soulagé de cette blessure qui le
faisait souffrir. Sa tension est retombée, il a enfin pu s'endormir. Et je
crois que, marqué par cette expérience, il a fait un cauchemar très violent.
Épuisé, il n'a pas réussi à s'en réveiller. Son cœur s'est emballé sous la
panique et, comme l'a dit Wilhelm, il a fait une crise cardiaque.
Une rumeur
monte à nouveau. Les soldats se tournent les une vers les autres. Sascha, un
appelé connu pour être un peu trouillard, se tourne vers Igor.
— Vous en
pensez quoi, sergent-chef ?
— Je sais
pas, répond-il. L'adjudant était là lors de l'opération, et c'est vrai que ça a
dû traumatiser Otto. Je crois que c'est possible, oui.
Sascha
hoche de la tête. Il semble épuisé, ses yeux peinent à rester ouverts.
— Wilhlem,
reprend Karl, qu'est-ce que tu en penses, toi qui est infirmier ?
Le jeune
homme rajuste ses lunettes sur son nez et se redresse pour parler plus fort.
— Un des
médecins avec qui j'ai travaillé en hôpital, à Stuttgart, avait des théories
assez similaires. Oui, ça peut arriver de mourir d'une crise cardiaque en
faisant un rêve particulièrement violent dont on ne parvient pas à se
réveiller. C'est très rare, mais ça existe.
— Tu as vu
des gens mourir comme ça, Wilhelm ?
La question
vient d'Einrich dont le visage a repris quelques couleurs.
— Non, mais j'ai lu les rapports du
docteur là-dessus. En dix-sept ans de pratique, il avait recensé onze cas. Certains
lui avaient été rapportés par des confrères, mais il avait vu lui-même cinq
personnes mourir comme ça. C'est pour ça que je crois qu'Otto a fait une crise
cardiaque.Extrait 8 : Infantry tactics for the meez.
Contexte :
Suite au décès d'Otto, Karl a besoin d'un nouveau sous-officier en seconde. Il choisir Fleiser, dont le grande de Lieutenant est plus élevé que le grade de sergent détenu par Werner. Toutefois, Fleiser n'est pas familier avec les manoeuvres d'infanterie, puisqu'il vient des panzerdivisions. Karl entreprend donc de lui transmettre quelques bases, qui pourraient être utiles en cas d'attaque soviétique dans la forêt.
Extrait :
— Qu'est-ce que tu connais des manœuvres
d'infanterie ?
— Juste ce
que j'ai vécu pendant ma formation et mes classes. Avant de passer le brevet de
pilote de char, j'y ai passé six mois, en 37.
— Tu n'as
pas tout oublié, j'espère.
— Pas tout,
non. Mais une bonne partie quand même. Je saurai encore me dissimuler, avancer
discrètement et me replier en bon ordre, ça fait partie de ce qu'on nous
apprend aussi dans les divisions blindées, au cas où on devrait se séparer de
nos chars. Mais pour ce qui est des manœuvres offensives ou des embuscades, il
va falloir tout reprendre à zéro.
Karl lui
adresse un rictus.
— Ne
t'inquiètes pas trop pour ça. Vu le nombre que nous sommes, je n'envisage pas
vraiment ce genre d'hypothèse. Si on tombe sur des soviets, il y a peu de
chance qu'ils soient moins que nous.
— Ça
pourrait être un petit détachement, ou des éclaireurs.
— Oui, tu
as raison.
Il
s'apprête à lui expliquer son point de vue mais se retient.
—
D'ailleurs, c'est un cas de figure intéressant. Imaginons qu'on aperçoive dans
la forêt un détachement d'une dizaine de russes. Mettons qu'ils avancent en
colonne, entre les arbres. Nous, on est comme maintenant, sur le sentier.
Qu'est-ce que tu ferais ?
Fleiser
écarquille les yeux et réfléchit. Il oriente le faisceau de sa lampe sur sa
gauche, vers les arbres et les observe pendant quelques secondes.
— On n'y
voit pas grand-chose. Si on aperçoit des ennemis, ça voudra dire qu'ils sont
tout proches.
— En effet.
— Je crois
qu'il faudrait essayer des les encercler et de les capturer, pour qu'ils
n'aillent pas alerter le gros de leurs troupes.
— D'accord,
partons là-dessus. Comment tu t'y prendrais ?
— Eh bien…
Il prend
son menton entre son pouce et son index et fait crisser sa barbe sous sa peau.
— Je dirais
qu'il faut diviser notre groupe en deux, partir dans les bois et essayer de
faire un arc de cercle autour des ennemis, pour leur couper la retraite.
— Tu penses
pouvoir les attraper tous ensemble ? Tu sais qu'il suffit d'un seul homme pour
donner l'alerte.
Fleiser le
regarde, un sourcil levé. Karl s'efforce de maintenir une expression neutre
pour ne pas donner d'indice à l'adjudant.
— En allant
vite, je crois que c'est possible, oui.
— Bon, je
vois.
Fleiser se
met à rire.
— Ce n'est
pas ça du tout ?
— Non, mais
je te rassure, tout le monde a le même réflexe. Ta manœuvre peut fonctionner
dans d'autres circonstances. Si c'est toi qui infiltre le camp ennemi, par
exemple. Là, on est en situation défensive, donc il faut réfléchir autrement.
Tu repères la colonne ennemie. Tu retranches tes hommes de l'autre côté de la
forêt et tu les disperses, comme s'ils avaient peur. En agissant comme ça, tu
incites la colonne ennemie à s'approcher, à venir sur le sentier où, forcément,
ils y verront plus clair. Si ça fonctionne, tu peux les cueillir. Sinon,
dis-toi qu'à dix contre un nombre inconnu d'ennemi, ils ne vont pas attaquer.
Au pire, ils vont se replier et aller faire leur rapport. Alors tu quittes le
sentier, tu changes de cap, bref, tu brouilles la piste qu'ils ont vus.
— D'accord,
je comprends. Mais qu'est-ce qui se passerait si on exécutait ma manœuvre ?
— Déjà,
l'ennemi aurait largement le temps de fuir. On en capturerait au mieux la
moitié.
— Ah, mince
!
— Ensuite, les hommes de tête ne se
laisseraient pas avoir comme ça. Ils tireraient sur nos gars, pour faire un
maximum de bruit et nous faire perdre un maximum de temps. Si le gros des
troupes n'est pas trop loin, on serait dans une situation critique. Et enfin, à
aligner les soldats en vis-à-vis dans la forêt, il y aurait de forts risques de
balles perdues. Il faut toujours garder un angle de tir qui protège les hommes
de ce genre de chose. Tu peux les mettre en vis-à-vis si tu es placé en
surplomb, par exemple. Ils vont tirer vers le bas et ne risquent pas de se
toucher les uns les autres.Extrait 9 : L'enfance de Werner.
Contexte :
Tandis que Karl explique à Fleiser les bases de la tactique pour infanterie, Werner marche devant eux et les écoute d'une oreille critique.
Puis, il repense à son passé. Lorsqu'il n'avait que 10 ans, ses parents sont morts dans un accident de train. Fils unique, rejeté par son grand-père paternel, qui n'a jamais accepté que le mariage de son fils avec une femme juive, Werner est recueilli par Rachel, la sœur de sa mère. Il ne l'a vu que très peu de fois auparavant et, tout ce dont il se souvient à son propos, est son obsession de la religion juive et les conversations houleuses entre elle et sa mère concernant le mariage des parents de Werner.
Extrait :
Ce fut pourtant
cette femme sèche, au regard durci par des lunettes aux contours trop droits,
qui le recueillit à la mort de ses parents. Le premier jour, elle se montra
souriante, chaleureuse et rassurante. C'était bien la première fois qu'elle se
comportait ainsi avec lui. Il n'oubliera jamais le lendemain matin, lorsqu'elle
vint le réveiller.
— Debout !
La voix
sèche claquait dans le silence. Elle alluma une bougie disposée sur la table de
chevet. Lorsque Werner se tourna vers elle, la lueur de la chandelle conférait
à son visage un aspect encore plus angoissant qu'à l'accoutumée. Les ombres
creusaient son regard et ses rides.
— Tu te
lèves, tu te rinces le visage et tu descends, ordonna-t-elle. Tu as cinq
minutes.
Werner
n'avait même pas le moyen de savoir l'heure qu'il était. Des larmes coulèrent
le long de sa joue alors qu'il repensa à ses parents. Pourquoi avait-il fallu
qu'ils meurent ? Des sanglots jaillirent de sa gorge et il replongea le visage
dans cet oreiller à l'odeur de renfermé. Les cinq minutes s'écoulèrent vite, et
Rachel remonta. Les escaliers grincèrent sous ses pas.
— Tu ne
m'as pas bien compris, petit Werner.
— Je veux
ma maman ! brailla-t-il.
— Ta maman
est morte. Ton papa aussi. Tu n'as plus que moi au monde.
Ces paroles
accrurent ses larmes. Ses pieds battirent le vieux matelas, faisant couiner le
lit en bois. Rachel s'assit à côté de lui et passa sa main dans ses cheveux.
D'un geste du coude, il la repoussa.
Soudain,
quelque chose le frappa sur les fesses et il cria de plus belle. Un second coup
le poussa à se retourne. Dans sa main droite, la veille femme tenait un manche
en bois duquel jaillissaient plusieurs lanières de cuir. Il n'avait jamais vu
un tel objet. Son cœur se mit à battre plus fort. La tristesse et la peur se
mélangeaient en lui.
— Première
règle : quand je te donne un ordre, tu m'obéis, lâcha Rachel d'un ton sec.
— Mais…
— Deuxième
règle : tu protestes ? Tu désobéis ? Tu me contraries ? Monsieur Martinet te
remet dans le droit chemin.
— Maman ne
m'aurait jamais fait ça ! Vous n'avez pas le droit !
— Troisième
règle, répondit Rachel avec un sourire carnassier sur le visage, puisque ta
survie dépend de moi, j'ai tous les droits sur toi. Tu es un enfant du pêché,
mon petit. Ce n'est pas ta faute, mais il est temps d'y remédier.
Sa gorge se
noua. Le rictus disparut du visage de la vieille femme et Werner reprit son
souffle. Elle ne le quittait pas du regard.
— C'est
quoi le pêché ? osa-t-il d'une voix piteuse.
— Pour les
enfants d'Israël, le pêché c'est de ne pas se marier selon les règles de la
Torah. C'est ce que ta mère a fait, en acceptant le mariage chrétien. Tu es né
dans le pêché, mais tu vas bientôt devenir un vrai juif. Alors, peut-être que
je serai plus gentille avec toi. Tu commences à comprendre ?
Il hocha la
tête nerveusement. Werner ne comprenait pas un traître mot de ce que disait
Rachel. Mais il comprenait que Monsieur Martinet pouvait tomber à nouveau sur
son corps. Il sentait encore la morsure des lamelles sur la chair de ses
fesses, à peine protégée par son pyjama.
— C'est
déjà mieux, reprit Rachel. Et maintenant, debout ! Si je dois remonter une
troisième fois, tu le regretteras.
Elle se leva et quitta la chambre.
Werner resta figé une bonne minute sur le lit, cherchant à comprendre s'il
cauchemardait où si son quotidien venait de basculer en enfer. Les fesses
encore douloureuses, il se leva, jeta de l'eau sur sa figure et descendit.
Quelque part au fond de son cœur, la tristesse et la peur se mélangeaient déjà
pour former autre chose, une sensation qui ravivait ses forces. Il ne savait
pas encore ce dont il s'agissait, mais il s'y accrocha.
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