Extrait 15 : La belle dame en robe blanche.
Contexte :
Après la fuite d'Harald et de sa bande, Karl réorganise les binômes. Werner est sous haute surveillance, mais il continue à le garder à l'œil. La troupe avance et le major choisit de discuter avec Piotr qui, lui aussi, peut voir les spectres.
Extrait :
— Igor m'a
dit ce qu'il a vu. Mais je tiens à avoir ton point de vue, tes croyances. Toi,
tu crois aux fantômes, n'est-ce pas ?
— Oui.
— Depuis
toujours ?
— Non, depuis
mon adolescence. Depuis…
Il marque
un silence et jette un regard derrière lui. Puis, ses yeux s'arrêtent sur Karl
qui reste serein et patient. Piotr est un conscrit, enrôlé sans avoir eu le
choix. Les gens comme lui sont souvent mal vus, mal aimés des sous-officiers.
Normal qu'il hésite à s'ouvrir à un major.
— Depuis la
première fois que j'en ai vu un, quand j'avais douze ans. Une femme, qui
marchait sur une route près d'un cimetière. Je passais là en voiture avec mes
parents. Elle était jolie avec sa robe blanche un peu déchirée en bas. Elle m'a
souri et m'a fait signe de la main.
Karl ne
s'attendait pas à ça. Il fait de son mieux pour masquer sa surprise, mais Piotr
regarde à nouveau droit devant lui.
— C'était à
la sortie de mon village, à plus d'un kilomètre de chez moi. Je n'étais pas
censé aller là, mais je voulais la revoir. Je crois que j'étais tombé amoureux
d'elle. Alors j'en ai parlé à des copains du quartier, ça les a intrigués. Ils
ont accepté qu'on y aille ensemble. Je ne sais plus quelle connerie on a
raconté aux parents, mais un soir, on y est retourné. Elle était là, toujours
sur le bord de la route. On l'a tous vue. Les copains la trouvaient belle
aussi, mais elle n'a pas dû aimer qu'ils soient là. Son beau visage est devenu
horrible, ses yeux se sont creusés, ses joues aussi. Sa bouche s'est ouvert
tellement grand que ce n'était plus humain. Ils ont hurlé et ont fui et moi je
suis resté, pétrifié. J'ai caché mon visage derrière mes mains, je ne voulais
plus la voir. Puis elle m'a parlé.
— Elle
parlait ?
— En fait
j'entendais sa voix dans ma tête, mais c’était sa façon de parler. La seule
qu’elle puisse utiliser. Elle voulait que je reste avec elle, elle était très
douce, très gentille avec moi. Je lui rappelais son fils, qu'elle n'avait pas
vu depuis sa mort, vingt-deux ans plus tôt. Elle l'attendait, mais il ne venait
jamais la voir, dans son cimetière. Alors, je me suis renseigné pour elle. Ça
m'a pris du temps. En fait, il était mort aussi, pendant la grande guerre, mais
elle n'en savait rien. Quand je lui ai dit, elle était très triste, mais elle
m'a remercié. Le lendemain, quand j'y suis retourné, elle n'était plus là.
Karl reste
silencieux. Il a réussi à s'imaginer la jolie dame à la robe blanche et un
garçon de douze ans aux cheveux châtains, parlant ensemble, assis sur le muret
d'un cimetière. Peu à peu, il entre dans le monde d'Igor et de Piotr. Un monde
où les gens qui sont morts parlent aux gens qui ne le sont pas encore. Il lui
faut un peu de temps pour admettre ça, mais le soldat n'a aucune raison de lui
mentir.
— De quoi
vous parliez quand tu allais la voir ?
Piotr
sourit, soudain. Il ne se tourne toujours pas vers le major, peut-être par
crainte de voir qu'il se moque de lui.
— Au début,
elle m'a raconté sa vie de vivante. Puis sa vie de morte, dans ce cimetière. Elle
m'a fait comprendre que certains fantômes sont très dangereux pour les humains.
J'étais gosse, alors elle n'est pas rentrée dans les détails, mais je crois que
j'ai eu de la chance de tomber sur elle et pas sur un monstre, du genre de ceux
qui sont ici.
— Ça doit
vraiment être une expérience particulière.
— Oui,
major. Les fantômes, c'est des gens comme nous mais qui… Comment dire… Ont été
marqués par quelque chose de si fort que, dans leur tête, ils ne sont pas morts.
Enfin, si j'ai bien compris. Et ceux qui ont tué Otto, Oliver et Alexej, c'est
pareil. Quelqu'un pourrait sûrement faire quelque chose pour eux, avant qu'ils
ne massacrent d'autres gens.
Extrait 16 : Le sens du sacrifice selon Werner.
Contexte :
Tobias a été victime d'une crampe. Pendant que Wilhelm le masse, Karl, Igor et Hermann discutent de Werner.
C'est Hermann qui lance la première réplique.
Extrait :
— C'est vrai qu'il a des amis dans la Gestapo ?
(...)
— Des amis,
je ne sais pas. Mais des relations, surement.
— Il vient
de chez les SS, complète Igor. Il faut bien avouer qu'il sait se battre.
Karl
acquiesce en silence et laisse Igor poursuivre.
— Il a le
vice dans le sang, il sait toujours trouver le bon angle pour attaquer. On sent
toute la rage du fanatique quand il fond sur l'ennemi. Avec le major, on
commençait à penser que ce serait un élément intéressant, mais on a vite
déchanté.
— Il
utilise les conscrits comme de la chair à canon pour piéger l'ennemi, poursuit
Karl. Il les fait foncer tête baissée pour que les soviets sortent de leurs
trous, puis il les contourne avec quelques hommes, dont les cinq autres gars et
fait le job. D'un point de vue purement tactique, ce n'est pas mal. Mais là où
il y a un souci, c'est qu'on n'a plus l'avantage numérique. Ça, il ne veut pas
l'entendre.
— Comment
ça ? Il n'est pas au courant des rapports ?
Karl
regarde Igor. Le sergent-chef hausse les épaules, comme pour dire "autant
l'affranchir tout de suite."
— Au début,
j'ai joué le jeu, comme avec tous mes sous-officiers en second. Il ne pouvait
pas s'empêcher de dire que les rapports étaient truqués, que c'étaient des
conneries, parce que la propagande ne disait pas la même chose. Il avait sa
petite théorie, sans doute implantée dans sa tête par les SS et la gestapo. Si
on nous donne ces informations, c'est parce que la Wehrmacht est composée de
mous, de fainéants. Pour nous donner du cœur au ventre, l'état-major est obligé
de gonfler les chiffres de l'ennemi, sinon on ne foutrait rien. Alors, pour
lui, les russes sont toujours deux fois moins nombreux que nous.
Le regard
de Fleiser en dit long sur son incrédulité.
— Il disait
ça en réunion d'état major ?
— Non,
jamais. Mais quand je le prenais à part pour lui donner des ordres, il les
contestait systématiquement parce qu'ils étaient guidés par les informations du
commandement. Il voulait que je le laisse faire sa guerre à sa façon, parce
qu'il avait l'habitude de bosser comme ça chez les Das Reich.
— Je
commence à comprendre, souffle Fleiser. Il se prend pour le chef. Sûrement que
la Gestapo vous l'a affecté pour ça, d'ailleurs.
— Oui,
c'est ce qu'on pense aussi, répond Igor.
— Et tu ne
crains pas que… enfin… une fois arrivé à Briansk…
— Qu'il
aille baver aux oreilles de la gestapo que j'ai couvert la fuite de quelques
déserteurs ?
Hermann
tourne la tête sur le côté.
— Il
faudrait déjà qu'il le prouve. Et je pense que personne ne confirmera sa
version.
— Tu sais
major, la gestapo continue de faire peur, surtout aux soldats. Et surtout aux
conscrits. Il y a toujours un risque.
Karl se
tait. le lieutenant a raison, il y a déjà pensé. Si un seul de ses hommes
confirme qu'il a couvert des déserteurs, il va avoir beaucoup de mal à échapper
à de très sérieux problèmes.
— Je pense
qu'on a des choses plus urgentes à penser, coupe Igor.
— Oui,
confirme Fleiser, c'est vrai. Mais il ne faudrait pas oublier non plus. Parce
que lui n'oubliera pas. Et on est tous les trois dans le même bain.
Igor jette un regard à Karl. Sans
doute ont-ils pensé la même chose, à différents moments. Ils ont été aussi
choqués l'un que l'autre quand Otto leur a appris que Werner avait utilisé un
des cinq nouveaux volontaires comme bouclier humain pour ne pas subir les tirs
d'un détachement de soviets. Il avait été pris à revers en prenant un groupe
d'artilleurs d'assaut avec ses hommes. Mais cette fois, l'ennemi avait repéré
son mouvement. Les quatre autres n'auraient eu aucune chance, selon Otto. Mais
le cinquième, en collant Werner de près, avait réussi à s'en tirer. Quand un groupe
russe a surgi armes au poing en tirant, Klemper a ramené le gamin sur lui,
comme on tire une couverture. En aveugle, avec son arme de poing, il a tiré et
touché son ennemi qui a lâché son arme. Otto a achevé le ruskov au moment où
Werner s'approchait de lui, couteau à la main.
Extrait 17 : Hans : le cent-douzième.
Contexte :
La troupe commence à contourner un grand étang dont émane une odeur désagréable. Werner mache à quelques pas devant Hermann, Hans et Wilhelm qui le surveillent. Hermann anime la discussion autour de l'arrivée des uns et des autres dans la Wehrmacht. On apprend que Hans était un athlète de haut niveau avant d'être envoyé sur le frond de l'est.
La scène est vécue du point de vue de Werner.
Extrait :
— Et toi,
Werner, lance soudain Fleiser. Tu faisais du sport dans les jeunesses
hitlériennes ?
Werner ne
desserre pas les dents. Oui, il a pratiqué la boxe pendant quelques années,
mais hors de question de donner à ces types le moindre élément sur lui. Il
n'oublie pas que l'adjudant fait partie de ces trois sous-officiers qui l'ont
menacé d'une arme alors qu'il punissait, à juste titre, des traîtres au Reich.
Mais qu'importe, ils le regretteront amèrement quand le colonel Krüger
s'occupera d'eux.
— Eh bien,
sergent ? Tu n'as pas envie de nous parler de ta formation dans la fierté du
Reich ? Moi je suis trop vieux pour avoir connu ça, ça m'intéresserait d'avoir
l'avis d'un pur et dur comme toi.
Sa voix
n'en laisse rien paraître, mais Fleiser est forcément ironique. Werner
reconnaît que cet homme-là sait parler, tourner ses phrases et y mettre le ton.
Mais il ne se laissera pas berner.
— Je crois
que tu perds ton temps, adjudant, répond finalement Wilhelm. Le sergent Klemper
ne parle pas avec nous.
— C'est
bien dommage. Quand on a des points de désaccord avec les hommes de sa troupe,
il faut savoir en parler, échanger les points de vue. Ça résout presque tous
les problèmes.
— Vous avez
eu des problèmes dans votre division, adjudant ? demande Hans.
— Oui, un
peu avant Stalingrad. On avait une poignée de jeunes pilotes, sans expérience
mais avec une très forte volonté. Ils n'avaient pas envie de faire dans la
finesse, ils voulaient juste casser du soviet. Point barre. On s'en est vite
rendu compte, ils ont failli nous faire perdre quelques combats. Plutôt que de
les recadrer et les punir, notre capitaine les a réunis avec quelques autres
pilotes, dont j'ai eu la chance de faire partie. Au début, ils étaient aussi
fermés que Werner. Puis l'un d'eux a expliqué son point de vue, et les autres
ont suivi. On s'est aperçu qu'ils connaissaient les manœuvres tactiques, mais
s'étaient mis en tête que face aux russes et leur matériel qu'on croyait
mauvais, ça ne servait à rien de s'encombrer de ces fioritures. Alors on leur a
raconté ce qu'on vivait depuis 1941, ce qui fonctionnait et ce qui n'avait
aucune chance d'aboutir. Ça a pris du temps, mais ça a marché.
Werner
sourit. C'est bien ce qu'il pensait : l'adjudant Hermann Fleiser est un beau
parleur, un homme qui essaye de tourner les esprits moins forts que le sien et
les amène à voir les choses de son point de vue.
— C'est un
peu ce que le major a fait pour moi, ajoute Hans. J'étais comme Werner, enfin
sauf que je n'avais pas son expérience, et je voulais juste flinguer pour le
Reich. Je me voyais en héros de guerre, avec la croix d'argent. Il m'a dit que
j'étais le cent-douzième.
Il marque
un silence, apparemment volontaire.
— Le
cent-douzième ? demande Fleiser.
— Le cent-douzième
gamin à peine formé à lui tenir le même discours. "Et où sont les cent-onze
autres ? j'ai demandé". "Il y en a quatre-vingt onze qui sont morts. Cinq
autres ont dû être amputés. Les quinze autres m'ont écouté, ont recommencé à
réfléchir et sont encore en vie" qu'il m'a répondu. J'ai pas su quoi dire
sur le coup.
— Tu
m'étonnes, répond Wilhelm.
— Cette
nuit-là, à chaque fois que je m'endormais, je me voyais crever. Le lendemain,
je suis allé le revoir. Je lui ai dit que j'étais prêt à l'écouter. Et depuis,
je suis encore en vie.
— Je crois
que votre major est vraiment un super sous-officier, lance Hermann.
Werner se
permet un soupir. Ils ne l'entendront pas, et même si c'était le cas, peu lui
importe. Ici, les arbres poussent n'importe comment, voilà déjà deux fois que
Werner manque de se prendre les pieds dans une racine. Avec les mains attachées
devant lui, comme un vulgaire prisonnier, il aurait du mal à se retenir à une
branche. Non, il tomberait, sur ce sol boueux. Et ils riraient de lui, bien
sûr. Rira bien qui rira le dernier !
Extrait 18 : L'évasion.
Contexte :
Werner pense de nouveau à sa jeunesse. Le temps passant, son école a changé et il a surtout un nouveau professeur. Celui-ci critique ouvertement les juifs et explique à ses élèves ce que devraient être des parents et des enfants modèles pour l'Allemagne. Werner adhère à ce discours et se fait un ami : Franz.
Ce soir-là, lorsqu'il rentre des cours, Werner parle à Rachel d'un programme de colonies de vacances auquel il souhaite s'inscrire : les jeunesses hitlériennes. Comme il s'y attendait, la vieille Rachel s'y oppose. Elle sert le repas, une soupe insipide que Werner refuse de manger. D'habitude, en pareil cas, Rachel le laisse aller se coucher le ventre vide. Mais ce soir-là, elle insiste pour qu'il mange en le frappant à coups de martinet. Folle de rage, Rachel le bat avant de le monter dans sa chambre par le col.
Extrait :
Entre-temps, il avait réfléchi à un plan. Rachel se levait
toujours vers 5h30. Il lui suffisait d'attendre qu'elle soit couchée et de
partir de la maison. Avec un peu de chance, elle n'entendrait rien. Pour que ce
plan fonctionne, il devait être certain que la vieille femme dorme
profondément. Il estima que 4h du matin était la bonne heure. Personne ne
veille à cette heure-là, pas même elle.
Il resta
allongé sur le ventre, les mains sous le menton et attendit, en silence. Non,
elle ne ferait pas de lui un juif, il n'en était pas question. Ses parents lui
manquaient terriblement. La tendresse de sa mère. L'intelligence et la force de
son père. Il avait déjà beaucoup trop perdu aux mains de cette vieille femme
atroce. Pourtant, vers deux heures du matin, il commença à sentir le poids de
la fatigue fermer ses paupières. Pour la combattre, il se força à s'asseoir sur
les coups de martinet à peine calmés. La douleur le réveilla. Il gémit pendant
quelques instants, se forçant à demeurer dans cette position. La brûlure de sa
peau lui fit monter les larmes aux yeux. Quand il ne fut plus capable de la
supporter, il se remit sur le ventre.
Ce fut
alors qu'une faible lueur s'invita sous sa porte. Ce ne pouvait être que
Rachel, bien sûr. Elle entra dans sa chambre et Werner feignit de dormir. Il
pensa que le fait qu'il dorme hors des couvertures la tête au pied du lit aller
forcément inciter la vieille femme à la méfiance.
Le silence
dura, jusqu'à ce qu'elle pose quelque chose sur la petite commode hors d'âge du
fond de la chambre, très doucement. Il distinguait ses pas discrets au léger
grincement du plancher. Puis, les mains de Rachel empoignèrent ses chevilles.
Sans
attendre, Werner se débattit et ouvrit les yeux. Elle tenait deux grandes
cordes en lin. Elle cherchait à le ligoter. Son regard était plus fou que
jamais, ses lèvres entrouvertes laissaient apparaître ses chicots teintés de
brun et d'ocre.
—
Laisse-toi faire mon garçon.
Sa voix
était plus éraillée encore que les autres jours. Elle approcha, corde à la
main, et tenta de saisir une première jambe. De justesse, Werner l'évita mais
dut pour cela se remettre sur le dos. La douleur sur sa peau l'obligea à se
lever maladroitement.
— Qu'est-ce
que tu veux faire ? osa-t-il enfin demander.
— Tu es né
impur. Alors, tu dois renaître, et dans huit jours, nous ferons de toi un vrai
juif. J'aurais dû commencer par là, mais ce n'est pas trop tard. Laisse-toi
faire, maintenant.
Les idées
se bousculèrent dans la tête de Werner. Coincé entre le lit et le mur, il
observait la vieille femme, semblable à une prédatrice. Ses bras repliés
laissaient ses mains à hauteur d'épaule. La corde était épaisse, sans doute
solide. Si par malheur elle pouvait le ligoter, il ne s'en sortirait pas.
Pour la
coincer, Rachel poussa le lit vers lui. Heureusement, un pied se prit dans une
latte du plancher irrégulier. Werner sauta sur le matelas en paille et, sans
réfléchir, envoya son pied dans les lunettes de la vieille femme. Un craquement
fut suivi d'un cri. La voix était libre. Il se rua sur la porte entrouverte et
la claqua contre le mur. Sans se retourner, il descendit les marches à toute
vitesse et se rua vers la porte d'entrée.
En sortant,
la morsure du froid l'accueillit. Peu lui importait, désormais. Dans les
ténèbres de la ville, seul, il se sentit plus libre que jamais. Une force le
poussa à courir sans cesse. Son esprit fatigué imaginait un énorme chien, aussi
haut que lui, avec la tête de Rachel et ses lunettes brisées, qui le
poursuivait. Il parvint jusqu'à son école, puis se repéra malgré les ténèbres
pour aller à la maison de Franz et de ses parents. Le père de Franz lui avait
dit qu'il l'aiderait à entrer dans les jeunesses hitlériennes, et Werner le
croyait. Il lui avait dit autre chose, aussi. Qu'il était commissaire dans la
Gestapo. À ce moment de sa vie, le mot Gestapo était encore flou pour le jeune
Werner, privé des informations quotidiennes et dépourvu de culture
contemporaine. Il savait juste que seul cet homme pouvait lui venir en aide.