mercredi 20 mai 2015

Le don de l'écriture n'existe pas.

Hier, j'ai eu le plaisir de revoir un ami que je n'avais pas croisé depuis bien longtemps. Comme toujours, quand on se voit, on parle bouquins et SFFF. Il m'a confié que, voici quelques temps, il avait songé à se lancer lui aussi dans l'aventure de l'écriture. Pétri de références anglo-saxonnes, il avait alors décidé de chercher des plumes francophones, pour voir ce qui existait et comment ces auteurs s'en tiraient.
C'est alors que son enthousiasme a été soufflé par des gens de grand talent. Il s'est dit qu'il n'arriverait jamais à faire aussi bien et donc, a renoncé à son projet.

 Un des romans qui l'a marqué.
(crédits : moutons-electriques.fr)

Son aveu m'a fait réfléchir depuis hier. Une moitié de moi le comprend. L'autre s'arrache les cheveux, tape du poing sur la table et vitupère !

Pour ma part, je n'ai jamais développé de complexe par rapport à mes modèles en littérature. Pas parce que j'ai un égo démesuré, mais plus simplement que j'ai toujours pris soin d'éviter les comparaisons. Chaque plume est une voix, chaque voix est différente des autres, toute ont leur charme. La mienne vaut ce qu'elle vaut et je continue mon travail pour l'affûter, lui donner plus de lustre, de puissance. Elle ne sera jamais la même que celle d'un Stephen King, par exemple. Tant pis ? 
Non ! Tant mieux ! Un seul Stephen King sur cette planète est bien suffisant. À quoi servirait une copie, sinon à rappeler qu'il n'y a qu'un seul VRAI Stephen King ? 
Par contre, il est bienvenu de s'inspirer des grands auteurs, d'analyser leur plume, la façon dont ils font vivre leurs personnages et d'en tirer les leçons. 

Tout est dit !
(crédits : http://www.quickmeme.com)


Tout réside dans le travail. On ne naît pas auteur, on le devient. Les plumes que mon ami admire ne sont pas nées du néant, il leur a fallu du travail, du temps et des efforts pour devenir ce qu'elles sont. Au final, on peut dire que ces efforts n'ont pas été vains. Une des beautés de l'écriture est là : quand on s'investit, ça finit par payer. Il arrive même, dans des moments suaves, qu'on se relise et se dise "C'est pas mal ce que j'ai fait !"
Pourvu qu'on n'aie pas un égo démesuré, si on se prend à aimer sa propre plume, alors d'autres l'apprécieront aussi. Les lecteurs ressentent quand un auteur s'est fait plaisir en écrivant. C'est le première chose qui compte, la plus importante. Et sans doute la plus facile à acquérir. Tout le monde peut, potentiellement, s'éclater en écrivant une histoire. Bien sûr, cette passion à elle seule ne sera pas suffisante pour attirer les lecteurs, mais c'est la base indispensable, la fondation sans laquelle rien ne peut se construire.

Alors, à toutes celles et ceux qui hésitent à se lancer dans l'écriture, qui sont absolument convaincus qu'ils ne parviendront jamais à égaler leurs idoles, voici ce que vous propose : mettez vos doutes, vos questions et vos complexes dans un gros tiroir en métal fermé à clé. Puis, jetez la clé dans les profondeurs de l'oubli ou dans un wormhole quelque part au centre de l'univers. Le tout est de ne jamais la retrouver, parce que toutes ces choses ne servent à rien qu'à vous polluer la tête et vous freiner dans votre envie.

jetez tout ça là :)
(crédits : astronomytime.com)

Une fois cette tâche accomplie (et pas avant), lancez-vous, racontez l'histoire ou les histoires que vous voulez en ne pensant qu'à ça. Voyez quel effet ça vous fait.
J'insiste : tant que vous ne vous serez pas débarrassé de tout ce qui pollue votre esprit créatif, il n'y aura rien de bon à tirer de l'expérience de l'écriture. Juste des tirages de cheveux, des grincements de dents, des douleurs musculaires à force de serrer les poings et une bosse grosse déprime à l'arrivée.
En revanche, si vous pouvez vous lancer dans l'écriture avec l'esprit libre, en étant concentré sur ce que vous racontez, vous avez de bonnes chances de trouver ça exaltant, addictif et d'avoir hâte, chaque jour, de pouvoir reprendre la plume. 
Si vous n'obtenez pas cet effet, sans doute renoncerez-vous avant d'avoir achevé votre récit. Il n'y a ni honte ni mal à ça. 
En revanche, si vous vous êtes régalés, éclatés, vous savez que vous y reviendrez. Maintenant, vous pouvez vous demander comment faire pour rendre votre écriture plus agréable et qu'elle confère toute sa force à votre histoire. Si vous arrivez là, vous serez au début d'un très beau chemin : sinueux, vallonné, jonché d'obstacles, mais c'est aussi pour ça qu'on l'apprécie :)

 Le parcours d'un auteur ressemble un peu à ça. Joli, non ? ^^
(Cette route s'appelle la route des trolls, merci Nariel pour l'info ;)crédits : http://www.ridelust.com/the-world%E2%80%99s-most-dangerous-roads/



7 commentaires:

  1. La voix de la sagesse. Mais c'est sûr qu'il ne faut pas oublier la somme de travail que cela demande pour écrire un texte, simplement correct, qui sera lu en quelques minutes ou heures. Alors, quand on commence à prendre la dimension de certains auteurs... et de leur vitesse de travail... hum, on arrête de zoner sur les blogs des copains et on retourne travailler, caramba ! ^^

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    1. C'est vrai que le travail d'un texte prend beaucoup de temps, mais quand on aime, on ne compte pas ;)

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  2. En même temps, Gagner la guerre fout une de ces claques ! Par contre chez moi, il a eu un tout autre effet, c'était la révélation : je voulais (et je veux) écrire comme ça ! La claque qui m'a étendue raide et de laquelle j'ai du mal à me remettre, c'est l'épouse de bois. Je me dis que même en travaillant, je n'atteindrais pas ce niveau (c'est comme la souplesse, ça se travaille, mais certains sont plus souples que d'autres).

    Cela dit, en tant qu'auteur, tu devrais y être sensible, mais n'oublie pas de créditer les auteurs des illustrations ! Ce n'est pas parce qu'on poste la route des trolls qu'on peut troller les créateurs :D

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    1. Je n'ai pas encore lu Gagner la guerre, mais du coup, ça fera partir de ma liste d'achats aux imaginales (avec Janua Vera). Pour l'épouse de bois, je vais m'y intéresser aussi, du coup.
      Pour les crédits, tu as raison je vais y remédier. Et merci pour l'info sur la route des trolls, j'ignorais qu'elle s'appelait comme ça (j'ai juste demandé à Google une image de route de montagne ;) )

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  3. Perso, je dirais que ce qui est le plus dur, ce n'est pas d'écrire un texte, mais d'avoir des idées et d'en faire une histoire! C'est bien là, la spécificité d'un auteur. Il y a des gens qui peuvent rédiger un guide touristique, un manuel ou un traité d'Histoire, mais n'auront jamais l'idée de raconter des histoires qu'ils auront inventées.

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  4. Je découvre ton blog avec cet article et je suis tout à fait d'accord avec toi. Merci pour ce billet et bonne écriture à toi.

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    1. Bienvenue par ici, Dorian. Bonne écriture à toi aussi et au plaisir ;)

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